Le Geo Barents placé en détention pendant 20 jours par les autorités italiennes. Le 22 mars, 2024. © MSF/Stefan Pejovic
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Le navire de sauvetage de MSF est retenu en Italie suite aux menaces des garde-côtes libyens

Le vendredi 22 mars 2024

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Geo Barents, le navire de recherche et de sauvetage de l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF), a été placé en détention pendant 20 jours par les autorités italiennes pour n'avoir pas respecté les instructions des garde-côtes libyens et avoir mis en danger la vie des survivants lors d'une opération de sauvetage en Méditerranée centrale le 16 mars dernier - des allégations que MSF dément fermement.

MSF dénonce l'imposition de sanctions à son navire et la collusion systématique de l'Italie avec les garde-côtes libyens pour empêcher à tout prix les personnes qui cherchent sécurité et protection en Europe.

Les actions de l'Italie sont scandaleuses », déclare Juan Matias Gil, représentant de MSF pour la recherche et le sauvetage. 

Cent soixante et onze personnes sont ramenées saines et sauves à bord du Geo Barents après avoir été secourues de deux bateaux voisins dans la matinée du 16 mars. Méditerranée centrale, mars 2024.  © MSF/STEFAN PEJOVIC
Les abus honteux soutenus par l'UE en Méditerranée centrale doivent cesser
Au cours du 16 et 17 mars, nos équipes à bord du navire Geo Barents a été témoin de deux incidents violents impliquant les garde-côtes libyens financés par l'UE, qui ont délibérément mis en danger la vie de centaines de personnes en quête de sécurité

Les autorités auxquelles nous sommes accusés de désobéir - les garde-côtes libyens soutenus par l'Italie - sont celles qui ont mis en danger la vie des gens ce jour-là. Pourtant, c'est nous qui sommes sanctionnés simplement pour avoir rempli notre devoir légal de sauver des vies en mer ».

Le 16 mars, une équipe de MSF s'est portée au secours de 146 personnes en détresse à bord d'un bateau en bois dans les eaux internationales. Au milieu du sauvetage, un patrouilleur des gardes-côtes libyens - offert à la Libye par le gouvernement italien en 2023 - est arrivé sur les lieux et a tenté d'interrompre le sauvetage. Les membres de la Garde côtière libyenne ont essayé de monter de force à bord d'un des bateaux de sauvetage de MSF et ont agressivement menacé les survivants et le personnel de MSF d'arrestation et de renvoi forcé en Libye.

Pendant plus de deux heures, le patrouilleur libyen a effectué des manœuvres dangereuses pour tenter de bloquer le sauvetage en cours, mettant en danger la vie de dizaines de personnes, dont des membres du personnel de MSF.

« Cette détention est le dernier exemple en date de l'hypocrisie de l'Union européenne (UE) et de ses États membres, qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour punir les personnes impliquées dans les activités de recherche et de sauvetage, tout en étant eux-mêmes complices des violents refoulements de milliers de personnes vers la Libye chaque année », déclare M. Gil. 

Les autorités italiennes nous demandent sans cesse de coordonner les sauvetages avec les garde-côtes libyens, alors qu'elles savent pertinemment que la Libye n'est pas un lieu sûr pour les réfugiés et les migrants et que le renvoi en Libye de personnes en détresse en mer est un crime. »

Avec la détention de Geo Barents, c'est la vingtième fois qu'un navire humanitaire de recherche et sauvetage est détenu en Italie.

 « Ces dernières années, les ONG ont été harcelées et criminalisées par les gouvernements européens, y compris l'Italie », déclare M. Gil. « Ce comportement est une tactique politique malhonnête visant à empêcher à tout prix l'arrivée de personnes sur les côtes européennes. Geo Barents opère toujours dans le respect du droit maritime international. Nous avons fait appel de cette détention injuste et dangereuse devant les tribunaux. Une fois de plus, ce sont les personnes qui tentent de fuir la Libye qui paient le prix fort, car un autre navire de recherche et de sauvetage est empêché de sauver des vies en mer. »

En plus de violer les lois internationales et européennes, la loi italienne 15/2023, également connue sous le nom de décret Piantedosi, a exacerbé la capacité déjà insuffisante de recherche et de sauvetage en mer, rendant la Méditerranée centrale - l'une des routes migratoires les plus dangereuses au monde - encore plus meurtrière.

MSF demande aux autorités italiennes de cesser immédiatement d'entraver l'assistance des ONG en mer et demande à l'UE et à ses États membres de cesser tout soutien matériel et financier aux garde-côtes libyens et aux autorités qui ont un lourd passif en matière de violations des droits de l'homme. 

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