Dans la région de Gambella, en Ethiopie, MSF assure des services médicaux à près de 800 000 personnes dont la moitié sont des réfugiés sud-soudanais. Dans sa lutte contre le paludisme, endémique dans cette zone, une étude entomologique est menée afin de trouver comment mieux protéger la population des moustiques porteurs de la maladie. Jeanine Loonen, entomologiste MSF, nous explique son déroulement.
Quel est le but de cette étude ?
L’évaluation entomologique se déroule dans les camps de réfugiés de Kule, Tierkidi et Nguenyyiel, afin d'identifier les différents types de moustiques qui vivent autour de cette zone - en particulier les moustiques paludéens - et de voir s'ils sont encore sensibles aux insecticides que MSF utilise. Les résultats de l’étude permettront d'ajuster les protocoles de lutte antivectorielle et d'identifier le bon type d'insecticide à utiliser, car différents types de moustiques réagissent à différents insecticides.
Comment identifier ces moustiques ?
Nous plaçons des pièges dans plusieurs abris choisis au hasard autour des camps. Nous les installons à côté des lits, afin que les moustiques soient attirés par la personne endormie, mais qu'ils soient ensuite aspirés par le piège, qui est équipé d'une lumière et d'un ventilateur. Le lendemain matin, nous ramenons les pièges au laboratoire pour analyser quels types de moustiques ont été capturés pendant la nuit.
Pour l’instant, nous avons identifié trois espèces de moustiques dans la région de Gambella :
- les moustiques culex - qui peuvent être des vecteurs de l'encéphalite japonaise,
- les moustiques anophèles - les vecteurs du paludisme
- les moustiques aedes - qui peuvent transmettre les virus dengue, chikungunya et Zika.
Mais cela ne signifie pas nécessairement qu'ils sont porteurs de leurs parasites et virus respectifs.
Quelle sera la suite de l’étude ?
Après l'étude sur le terrain, nous ramènerons tous les échantillons aux Pays-Bas, où nous effectuerons une analyse moléculaire pour identifier les différentes sous-espèces que nous avons collectées et déterminer si elles portent des parasites ou des virus. De cette façon, nous serons en mesure de cartographier les points chauds de la transmission du paludisme et de préconiser l'insecticide et la moustiquaire les plus appropriés pour les cibler. Aujourd'hui, nous utilisons des moustiquaires de nouvelle génération imprégnées d'insecticides et d'une substance synergique qui réduit le niveau de résistance des moustiques.
Et la suite pour toi ?
Après l'Éthiopie, je mènerai la même étude à Bentiu, au Sud-Soudan. J'ai décidé d'étudier l'entomologie et les moustiques en particulier après que ma mère a été infectée par la dengue. J'étais et je suis toujours déterminée à contribuer à l'éradication des maladies à transmission vectorielle. C'était mon rêve, et je suis vraiment heureuse de pouvoir le faire avec MSF en aidant tant de gens sur le terrain.