En partenariat avec les autorités sanitaires locales, nos équipes gèrent des centres de prise en charge du choléra à N’Yelwa, Dan Issa, Madarounfa, Tibiri, Tchidafaoua, Maraka, Guidan Basso, Sarkin Yammaet Safo, où les cas sévères sont pris en charge et peuvent recevoir une hydratation par voie intraveineuse. À ce jour, 1 663 patients ont été pris en charge dans ces centres. D’autres structures pourraient ouvrir dans les prochaines semaines pour répondre aux besoins grandissants.
Plus de 300 patients présentant un état de santé moins grave sont pris en charge dans les sites de réhydratation orale établis dans les communautés. Des personnes qui ont été exposées au choléra reçoivent des antibiotiques doxycycline en prévention. La chloration de l’eau potable dans les villages, la désinfection des maisons et espaces publics et l’information des communautés sur les mesures d’hygiène qu’elles peuvent prendre font partie intégrante de la réponse pour stopper la transmission du choléra.
Des conditions propices à la propagation de l'épidémie
Les trois premiers cas rapportés le 5 juillet au centre de santé de N’Yelwa venaient du Nigéria voisin. Les zones frontalières au sud du Niger et au nord du Nigéria partagent les mêmes difficultés d’accès à une eau potable salubre et un manque de latrines. Combinées à l’importante mobilité des personnes entre les villages situés de part et d’autre de la frontière, de fortes pluies et des crues saisonnières créent des conditions propices à la propagation de cette maladie hydrique. Confrontés à un accès très limité aux soins de santé, des malades continuent d’arriver du Nigeria pour être soignés au Niger : c’est le cas d’environ 30% des patients pris en charge par MSF dans les centres de traitement du choléra.
Le district de Madarounfa, frontalier du Nigéria, a été le plus durement touché. Se propageant d’abord dans les villages et localités de Madarounfa, l’épidémie a ensuite gagné d’autres districts de la région, ainsi que la capitale Maradi, où vivent plus de 300 000 personnes. La flambée dans cette ville est relativement sous contrôle, avec 158 cas et 7 décès rapportés à la date du 28 août, mais le risque d’une transmission rapide dans cette zone densément peuplée reste élevé.
La vaccination, une solution?
Des vaccins contre le choléra qui sont efficaces, bien tolérés et faciles à administrer existent. La vaccination fait partie des outils à envisager dans le cadre d’une réponse à une épidémie de choléra. Au cours des dernières années, on a constaté que la mise en œuvre d’une activité de vaccination en situation d’urgence pouvait jouer un rôle important dans la réponse, en contribuant à stopper le cycle de transmission et réduire le nombre de morts associés à de telles épidémies.
- Anne-Marie Pegg, référente médicale sur les sujets liés aux épidémies et à la vaccination chez MSF
Dans les zones à risques où le choléra est présent, des campagnes de vaccination peuvent être menées de manière préventive pour protéger les populations qui risquent d’être exposées à une future épidémie. «Nous devons actuellement améliorer les capacités à répondre à cette épidémie en cours, à travers la prise en charge médicale des malades, les activités pour fournir de l’eau non contaminée, des latrines, et en informant les communautés sur les gestes qu’elles peuvent faire pour éviter de contracter le choléra. Dans cette situation, une campagne de vaccination contre le choléra peut contribuer à terme à protéger les gens contre des flambées de choléra, qui restent fréquentes dans cette région, en particulier à Madarounfa», explique le Dr Foura Sassou Madi, coordinateur médical de la mission MSF au Niger.
Le choléra : une maladie hautement contagieuse
Le choléra est une maladie hautement contagieuse qui se transmet par des aliments ou de l’eau contaminés, ou par le contact avec les matières fécales et organiques de personnes qui en sont infectées. Le choléra provoque des diarrhées sévères et des vomissements, et peut mener à une déshydratation intense et au décès en quelques heures en l’absence d’une prise en charge médicale rapide et adéquate. Un malade du choléra peut perdre jusqu’à 25 litres de fluides par jour. Il n’existe pas de traitement spécifique du choléra : la réponse médicale consiste à réhydrater le patient jusqu’à ce que l’infection se termine. La plupart des patients répondent bien au recours aux sels de réhydratation par voie orale. Près de 100 000 personnes meurent encore chaque année du choléra. Au Niger, la dernière épidémie de grande ampleur avait touché les régions au sud du pays et touché plus de 2 600 personnes. L’équipe d’urgence de MSF pour le Sahel avait pris en charge environ 1 000 patients.
Pour mieux comprendre comment sont accueillis et soignés les patients dans un CTC, cliquez sur l'image ci-dessous.