La réponse de la communauté internationale en Ouganda oublie actuellement les réfugiés et doit impérativement se recentrer sur l’approvisionnement en denrées vitales, telles que la nourriture et l'eau, afin de prévenir une urgence médicale.
Le manque de ressources, conjugué à de mauvaises conditions d'assainissement de l’eau et à une pénurie de rations alimentaires, pourrait transformer à court terme la situation actuelle en une véritable urgence médicale. À Palorinya, 80% de la population dépend à 100% de l'eau traitée par MSF, ce qui est insoutenable pour l’organisation. «Actuellement, les besoins les plus basiques des réfugiés ne sont pas comblés», explique Tara Newell, directrice des opérations de MSF en Ouganda.
Sans solution plus rentable et à plus long terme, la capacité des populations à faire face à la situation et à préserver leur santé se détériorera.
«La majorité des réfugiés qui vivent dans des camps sans réserve d'eau et qui dépendent d'une poignée de forages et de camions-citernes reçoivent sept litres par personne par jour. L'accès à l'eau dans ces camps dépend d’un approvisionnement par camion, un système extrêmement coûteux souvent enraillé par de mauvaises conditions routières. Sans solution plus rentable et à plus long terme, la capacité des populations à faire face à la situation et à préserver leur santé se détériorera», déclare Newell.
Se résigner à retourner au Soudan du Sud
Suite à des réductions des rations alimentaires mensuelles distribuées par le Programme alimentaire mondial, le nombre de personnes malnutries dans les structures d’accueil est devenu une préoccupation majeure. MSF observe que des réfugiés s’inscrivent dans plusieurs camps dans l'espoir d’obtenir plus d'eau et de rations alimentaires, et constate que des distributions de produits de première nécessité sont mal coordonnées ou incomplètes dans ces mêmes camps.
Les réfugiés sont placés dans une position inimaginable : fuir sans nourriture et sans eau, ou risquer leur vie dans un conflit juste pour pouvoir manger.
Les réfugiés se sont même pour certains résignés à retourner au Soudan du Sud. «Je préfère être abattu au Soudan du Sud que mourir de faim en Ouganda», déclarait un réfugié au personnel de MSF. Les équipes ont également entendu de nombreuses histoires de réfugiés retournés au Soudan du Sud en raison du manque de nourriture en Ouganda, pour y être finalement tués. «Les réfugiés sont placés dans une position inimaginable : fuir sans nourriture et sans eau, ou risquer leur vie dans un conflit juste pour pouvoir manger», explique le docteur Leon Salumu, responsable de programme chez MSF.
La bureaucratie, entrave à l’apport de fournitures médicales
Les activités médicales ont par ailleurs été compliquées par la longue durée des procédures régulières d'importation de fournitures. À titre d’exemple, durant deux mois cette année, MSF n'a pas été en mesure de permettre des accouchements sécurisés, ni de traiter les maladies des yeux et de la peau.
MSF demande au gouvernement ougandais d'accélérer les demandes d'importation en attente ainsi que les importations de kits de santé d'urgence et de fournitures à même de faciliter l’apport d’une réponse médicale d'urgence.
Représentant pourtant des causes de mortalité répandues sur les différents camps, les exigences bureaucratiques demandées pour importer les fournitures médicales nécessaires sont bien trop élevées pour pouvoir répondre aux besoins. MSF demande au gouvernement ougandais d'accélérer les demandes d'importation en attente ainsi que les importations de kits de santé d'urgence et de fournitures à même de faciliter l’apport d’une réponse médicale d'urgence.
Le plus grand nombre de réfugiés en Afrique
L'Ouganda compte désormais le plus grand nombre de réfugiés en Afrique, accueillant plus de trois fois le nombre de personnes arrivées par la mer en Europe au cours de l’année 2016. De nombreux pays ont honteusement introduit des politiques de migration restrictives et cherché à limiter l'arrivée de réfugiés à leurs frontières, formulant des promesses à défaut de soutenir les réfugiés au plus près de leur pays d'origine. De surcroit, ils n'ont pas respecté ces promesses - la réponse des réfugiés en Ouganda étant financée à seulement 17% des fonds annoncés.
L'Ouganda compte désormais le plus grand nombre de réfugiés en Afrique, accueillant plus de trois fois le nombre de personnes arrivées par la mer en Europe au cours de l’année 2016.
«La communauté internationale n'a pas contribué à résoudre le conflit au Soudan du Sud et ne propose pas actuellement une aide adéquate aux réfugiés sud-soudanais dans la région», déclare le Dr Salumu. «La communauté internationale doit remplir ses obligations et repenser les moyens de fournir des services aux réfugiés répartis dans de vastes zones géographiques.»
Les opérations de MSF dans le nord de l'Ouganda
En plus de ses opérations au Soudan du Sud, MSF apporte une réponse à la crise humanitaire en Ouganda depuis juillet 2016, à travers ses activités médicales et en assainissement de l’eau. MSF travaille actuellement dans quatre centres de réfugiés dans le nord-ouest, Bidi Bidi, Imvepi, Palorinya et Rhino, fournissant des soins médicaux aux patients hospitalisés, des soins aux victimes de violences sexuelles et en santé mentale, également en matière de maternité et des soins nutritionnels, tout en assurant des activités de surveillance de la santé communautaire et des activités d'assainissement de l’eau.
MSF a également répondu à un afflux de réfugiés dans Lamwo, à la frontière avec le sud du Soudan, après une attaque à Pajok, Eastern Equatoria, mais a transmis depuis ces activités à d'autres organisations. En plus de répondre à l'afflux de réfugiés, MSF organise des programmes réguliers en Ouganda, fournissant des services de santé reproductive sexuelle pour les adolescents à Kasese, des programmes de soins du VIH /SIDA pour les communautés de pêcheurs sur les lacs George et Edward et de surveillance de la charge virale du VIH au sein de l'hôpital régional d'Arua.
Image principale : pour l’approvisionnement en eau, MSF a construit des puits artésiens. L’eau est ensuite répartie dans les différentes citernes d’eau un peu partout dans le camp. Ici des camions-citernes dans le camp de Bidi Bidi. © Frederic NOY/COSMOS