La Guinée fait face à une large épidémie de rougeole qui sévit dans tout le pays. Qu’est-ce qui a été fait jusqu’à présent pour la contenir?
MSF vient de finir sa campagne de dix jours durant laquelle les quelques 649 000 enfants de Conakry, âgés de 6 mois à 10 ans, ont été vaccinés contre la rougeole. En soutien au ministère de la Santé, nous avons mobilisé 126 équipes de 13 personnes réparties sur 164 sites de vaccination à travers la capitale, y compris sur certaines îles au large de Conakry.
Nous avions d’abord été chargés de vacciner un million d’enfants dans la ville; mais il y a quelques jours, l’institut national de statistiques a réestimé la population de la ville de Conakry à la baisse comptant 686 000 enfants de cette tranche d’âge. Sur base de ces nouveaux chiffres, nous estimons avoir atteint 94,7% de notre cible. C’est un très bon résultat qui doit encore être confirmé par notre étude indépendante qui démarrera prochainement.
Combien de Guinéens ont contracté la rougeole jusqu’à présent?
Depuis la déclaration de l’épidémie le 8 février, 3906 cas de rougeole ont été confirmés à travers le pays et 20 personnes en sont décédées, ce qui est dramatique étant donné que la rougeole peut être facilement évitée grâce à la vaccination. À Conakry, MSF a soutenu 30 centres de santé pour gérer les cas de rougeole modérés, ainsi que l’hôpital de Nongo où les cas les plus sévères ont été hospitalités. Jusqu’à présent, 5004 enfants ont été soignés et 42 hospitalisés.
Ceci représente un nombre relativement bas vu l’étendue de l’épidémie. Nous ne savons pas encore pourquoi. Notre enquête post-vaccination nous dira à quel point la population est maintenant protégée. Elle pourrait également dévoiler le nombre de cas qui n’ont pas été voir un médecin et qui sont peut-être morts chez eux, ce qui signifierait que l’accès aux soins était un problème.
La menace de la rougeole est-elle complètement éradiquée du pays ?
Considérant qu’une campagne de vaccination massive contre la rougeole a déjà eu lieu l’année passée à Conakry, la large majorité des enfants de la capitale devrait maintenant avoir reçu les deux doses complètes de vaccins afin d’être totalement protégée. Le gouvernement guinéen lancera prochainement une campagne de vaccination dans le reste du pays (sauf à Nzérékoré, où l’ONG Alima a déjà vacciné).
Cependant, afin de sécuriser le futur, le plus important consiste à améliorer le programme de vaccination de routine dans lequel chaque enfant devrait être vacciné à un certain âge dans son centre de santé local (ce qui arrive dans les pays développés). Quand les programmes de vaccination de routine fonctionnent bien, il n’est pas nécessaire d’organiser des campagnes de rattrapage couteuses et logistiquement difficiles à organiser. Renforcer la vaccination de routine est cependant plus facile à dire qu’à faire. Cela nécessiterait un grand soutien des partenaires internationaux, particulièrement en Guinée où le faible système de santé est toujours ébranlé par l’épidémie Ebola dévastatrice.
* Image principale : vaccination contre la rougeole dans l'île de Kassa, en Guinée. © Markel Redondo