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Nigeria, Maiduguri : agir contre la malnutrition à Borno

    À Maiduguri, capitale de l'État de Borno au Nigeria, Médecins Sans Frontières (MSF) a soigné un nombre exceptionnellement élevé d'enfants malnutris tout au long de l'année 2021, alors que des conflits et une importante épidémie de rougeole ont exacerbé les besoins sanitaires déjà massifs. Ces facteurs, parmi d'autres, ont entraîné un pic d'admissions à l'hôpital et de consultations externes pour malnutrition supérieur à celui de ces dernières années, et pourraient signaler une urgence sanitaire plus étendue dans la région.

    MSF est intervenue pour la première fois à Borno au plus fort de la crise nutritionnelle en 2016. Depuis, MSF gère le plus grand centre de nutrition thérapeutique de la ville de Maiduguri, qui abrite aujourd'hui plus de deux millions de personnes. 13 membres du personnel international de MSF, aux côtés de 214 collègues nigérians, sont également les principaux intervenants en cas d'épidémies dans la ville et ses environs.

    Les épidémies de rougeole et de choléra sont fréquentes à Maiduguri, surtout depuis que sa population a plus que doublé à la suite des déplacements massifs en provenance de tout le Borno. En 2019, le projet à Maiduguri a adopté une approche globale des soins de santé pour la mère et l'enfant, avec l'objectif d'intégrer le traitement de la malnutrition dans un projet de santé sexuelle et reproductive.

    Plus de deux millions de personnes déracinées par la violence et le conflit armé

    Le Nigéria est le pays le plus peuplé d'Afrique ; ses habitants représentent un pour cent de la population mondiale. C'est un pays aux fortes inégalités. Par exemple, dans le nord-est du Nigeria, le taux de mortalité maternelle est de 1549 décès pour 100 000 naissances, alors qu'il est de 165 dans le sud-ouest du pays. Le Nigéria est l'un des endroits les plus dangereux au monde pour accoucher et l'évaluation par l'équipe MSF de divers établissements de santé a révélé des taux de mortalité élevés à Maiduguri, en particulier pour les femmes de plus de 20 ans.

    Le pays a le quatrième taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde, derrière la Sierra Leone, la République centrafricaine et le Tchad. Cependant, le taux de mortalité maternelle varie beaucoup d'une région à l'autre. Dans le nord-est du Nigeria, on estime que le taux de mortalité maternelle est deux fois plus élevé que le taux national.

    L'état est très instable en termes de sécurité, en particulier à Maiduguri, l'ancienne base du groupe armé Boko Haram. Boko Haram a été créé en 2002 par Mohammed Yusuf, un religieux islamique sunnite. Le conflit dans le nord-est du Nigéria a éclaté en 2009 lorsque Boko Haram a commencé des attaques aveugles contre les civils et les forces militaires dans l'état de Borno. Depuis, l'insurrection de Boko Haram et la contre-insurrection menée par l'armée nigériane ont entraîné des violences, des dommages matériels,le déplacement et la mort de nombreux civils. En 2015, une faction du groupe d'insurgés Boko Haram a annoncé son allégeance à l'État islamique et a encore étendu son contrôle à travers l'État.

    Aujourd'hui, la plupart des villes sous contrôle gouvernemental peuvent être considérées comme des enclaves, où les mouvements des résidents sont sévèrement limités et où la plupart dépendent de l'aide humanitaire pour survivre. Les civils n'ont pas encore commencé à se déplacer en masse vers les camps de réfugiés, signe possible d'un manque de confiance dans le mandat de protection de l'armée. À Maiduguri, un afflux de personnes déplacées de toute la région a fait doubler la population, qui est passée d’un à deux millions en quelques années seulement. La plupart des déplacés vivent dans des familles d'accueil alors que les existants sont surpeuplés, avec des abris de fortune temporaires construits les uns à côté des autres.

    Les gens ont du mal à accéder aux services de santé d'urgence et essentiels. Le manque de personnel correctement qualifié, de fournitures médicales et de ressources financières sont quelques-uns des principaux obstacles à l'accès aux soins. La pandémie de Covid-19 représente une menace élevée dans un endroit où les mesures de prévention sont impossibles à suivre, où l'accès à l'eau et l'assainissement sont bien en dessous de toute norme et où la distanciation sociale est impossible pour tant de personnes, notamment les déplacés vivant dans des camps surpeuplés.

    Fournir des soins médicaux essentiels aux personnes piégées dans des zones de conflit armé

    MSF est arrivé à Maiduguri le 21 novembre 2016 en réponse à une crise nutritionnelle qui s'aggravait. Les populations cibles de ce projet sont les personnes déplacées à l'intérieur du pays (489 469 personnes enregistrées) et la communauté hôte vivant dans le Grand Maiduguri. Les chiffres ne sont pas très fiables, mais l'ONU estime que la population combinée est d'au moins 1,5 million. Cependant, diverses organisations ont estimé la population de Maiduguri à environ 1,9 million de personnes, certaines avançant même le chiffre de 2,5 millions. 

    En décembre 2016, MSF a commencé par la réhabilitation et la mise en place de programmes d'alimentation thérapeutique pour patients hospitalisés (ITFC), ainsi que par le recrutement et la formation du personnel. Avec 120 lits, l'ITFC de MSF est aujourd'hui le plus grand fournisseur de soins hospitaliers pour la malnutrition dans l'État de Borno et représente un tiers de tous les lits disponibles pour les patients souffrant de malnutrition.

    Un facteur médical important contribuant au nombre élevé d'admissions pour malnutrition fut l’épidémie de rougeole qui a débuté en février 2021. De janvier à octobre 2021, les équipes MSF du seul hôpital pédiatrique de Gwange ont traité 2 974 enfants contre la rougeole en hospitalisation, tandis que 2 545 autres ont reçu des soins dans le service de consultation externe au cours de la même période. Au cours des activités de proximité menées  de mi-février à fin juillet 2021 dans le village de Zabarmari, dans la zone de gouvernement local de Jere (État de Borno), l'équipe de la clinique MSF a admis 60 à 150 % de patients en plus par mois de mars à mai en 2021 par rapport à 2020. Pendant ce temps, le nombre de patients malnutris nécessitant un traitement est resté plus élevé que les années précédentes pendant toute la période de soudure.

    Les programmes d'alimentation thérapeutique ambulatoire (ATFC) fournissent des soins médicaux et une alimentation thérapeutique aux enfants, ce qui réduit le risque de complications médicales potentiellement mortelles s'ils tombent malades. MSF fournit actuellement des soins ATFC sur cinq sites à Maiduguri, mais l'augmentation drastique du nombre d'admissions est un signe clair qu'une plus grande disponibilité des soins est nécessaire. Les enfants souffrant de malnutrition sévère et modérée, âgés de six mois à dix ans, sont les bénéficiaires directs de l'ITFC et de l'ATFC de MSF.

    MSF fournit également une aide médicale d'urgence aux personnes déplacées et aux communautés d'accueil dans le nord de Maidiguri. L'objectif de cette intervention d'urgence est d'améliorer l'accès à des soins de santé de qualité et de restaurer la dignité des personnes déplacées séjournant au nord et au sud de Maidiguri dans les camps informels et les communautés d'accueil. Les cliniques mobiles MSF ont fourni des soins médicaux trois jours par semaine dans sept camps de communautés accueillant un grand nombre de PDI.

    Avec un budget de 4.781.707 € pour 2022 et en utilisant l'analyse, les leçons apprises et la recherche opérationnelle, le projet vise à influencer les politiques de santé au niveau de l'état et du pays par le biais d'un plaidoyer autour de la question des soins de santé gratuits pour les mères et les enfants dans les zones de conflit ; et la bonne mise en œuvre des dispositions relatives aux activités de prévention de la transmission mère-enfant (PTME).

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